~~Gantis~~ [Accepté]

Le soleil s’abandonnait quelque peu, ses rayons, plus timides, moins présents, annonçaient le déclin du jour. Bientôt l’astre maître de la lumière allait se retirer. Le seigneur Gantis se présentait aux abords de la cité. Son voyage avait été long depuis son royaume d’Eléandria mais son fidèle destrier l’avait accompagné. La montagne laissait maintenant peu à peu apparaître la cité dont bon nombre de personnes avait d’ores et déjà vanté, à tord ou à raison, la beauté. Gantis l’esthète appréciait à sa juste valeur ce qu’il découvrait.

Il parvînt au sommet et traversa un porche. Deux gardes auxquels il avait pris soin de demander aimablement l’accompagnèrent aux portes de la salle de recrutement. L’un d’entre eux l’introduisit et l’annonça. Suite au protocole, Gantis s’exprima en ces termes.

Nobles seigneurs,

Sincères salutations, mes respects vous accompagnent. Ce jour, je me présente devant vous afin que vous jugiez de ma candidature à l’entrée au sein de votre guilde. Je ne me permettrais point de vanter ici mes mérites, mon courage ou bien encore ma loyauté. Si tel était le cas, à raison vous pourriez dire que de mérite je n’ai point, que ma modestie n’a d’égal que ma vantardise, quant à mon courage et ma loyauté, nul mot ne peut les définir, seuls les actes en sont garants. Ceci dit, vous auriez fort raison. Voici pourquoi je vais tout simplement vous conter mon histoire.

Je me nomme Gantis. Je n’étais qu’un enfant lorsque, je perdis mes parents tués au cours de l’attaque de notre citadelle.

Longtemps refoulés, mes souvenirs me revinrent peu à peu, aux travers de visions plus terribles les unes que les autres et c’est ainsi que je découvris l’insoutenable vérité. Laissez moi vous conter mon histoire.

Le jour a laissé place à l’obscurité, la lune pleine et lumineuse est le seul rempart au noir absolu. Alors que je devrais être couché, je suis parvenu à tromper la vigilance de ma nourrice. Elle doit s’activer à la tâche afin de me retrouver. C’est une personne douce, gentille et maternelle comme le serait une mère sans doute parce qu’elle l’est également, sa fille n’est autre que ma meilleure amie. Elle est au service de mes parents depuis fort longtemps. Cela ne m’empêche guère de lui causer soucis, il faut dire que je suis quelque peu turbulent. J’ai soif de découverte, de connaissance et chaque nouvelle escapade est prétexte à apprentissage.

Pour l’heure, j’ai à ma disposition quelques minutes avant que ma nourrice ne découvre ou j’ai bien pu me cacher. Je suis assis sur l’un des murs extérieurs de ma chambre. J’observe la lune, les étoiles. J’aime à rester ici sans autre bruit que celui des insectes environnants, sans autre lumière que celle des astres.

Perdu dans mes pensées, je suis soudain interpellé par les cris de ma nourrice. Dans le même temps, alors que je scrute toujours le ciel, j’aperçois une lueur le traverser. Sans comprendre comment ni d’où ils arrivent, des centaines de guerriers passent les portes de la citadelle. Assurément nous avons été trahis, c’est la surprise, nos défenses sont inefficaces, les hommes tombent sous la brutalité des assaillants. Quelle vision d’horreur, le sang coule, les morts s’entassent, les bâtiments brûlent. Choqué, paralysé, une main saisi la mienne et m’entraîne dans un dédalle de couloirs. Je comprendrais longtemps après qu’il s’agissait d’un passage secret, que ma nourrice était sans doute bien plus qu’une simple garde d‘enfants. Durant cette nuit, j’ai perdu mes parents, ma maison.

Le temps a passé, je suis aujourd’hui devenu un jeune homme. Grâce à ma nourrice, loin du tumulte, j’ai pu grandir sereinement au sein du sanctuaire interdit, un lieu épargné sans réelle existence. Sous l’égide de mes professeurs, des Maîtres Elfes, j’ai appris les vertus des plantes et leurs utilisations, je me suis nourrit de la sagesse des anciens mais aussi le maniement des armes. Cependant, pas une seconde le souvenir de cette nuit ne m’a quitté et, malgré maintes recherches intérieures (intériorisations), rien ne m’a permis de comprendre la raison de la mort de mes parents et la destruction de la citadelle. J’ai longtemps maudit la terre entière, rongé par l’absence de réponses, nourrit par l’envie de vengeance. Finalement j’ai accepté, le fait qu’il n’y avait peut être rien à comprendre. En ces temps troublés, le pouvoir commande, les forts survivent, les faibles meurent. Mon deuil a réellement pu commencer ce jour là. Le lendemain, j’ai prêté serment devant l’autel du sanctuaire interdit en ces mots.

Je jure :

- d’honorer ma parole et de ne pas bafouer mon nom
- de me battre pour mes convictions, de les défendre de ma vie
- de ne jamais faire preuve de faiblesse, ni de pitié envers les monstres, quelques soient leurs apparences
- de m’allier sans pour autant dépendre d’autrui


En ce qui concerne mes forces militaires, vous ne trouverez ici, force de précaution oblige, aucun descriptif détaillé de l’état et du nombre de mes bâtisses. Cependant, sachez qu’en quelques 100 jours passés à arpenter les terres d’Aguératon, mon royaume, grâce aux conseils avisés de certains seigneurs, à su se développer relativement. Ainsi, je compte plus de 35 fermes, plus de 15 camps milices, archeries, écuries, mines, forêts, grottes et sanctuaires.


Mes motivations, quant à elles, sont, vous en conviendrez, fort simples. Depuis la mort tragique de mes parents, je n’ai eu de cesse de traquer l’injustice, la bêtise, de combattre la cruauté, le mal et ce quelque soit la forme qu’il revêtisse, verbal ou physique.

Suite à sa présentation, le sieur Gantis fît un pas en arrière et se retira à l’extérieur de la salle en attente du résultat.